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PALESTINE-AMITIÉ Besançon
3 décembre 2015

Voyage mardi 10/11/15

 BETHLEEM  -  LE CAMP DE RÉFUGIÉS DE DEHEISHEH -    HEBRON

         

Après le petit déjeuner, nous partons à la découverte de Bethléem.  Nous passons à nouveau devant une colonie en construction ; sur un ancien emplacement couvert d'arbres, il y a maintenant des bâtiments en béton pour un habitat à haute densité.

Arrivée à  Bethléem (zone A) depuis une partie haute de la ville. La densité d'habitat est impressionnante. En 1998, le gouvernement israélien s'engage à bâtir une nouvelle colonie ici ; Arafat s'insurge, mais personne ne réagit. Après la deuxième Intifada, la construction commence en 2002.

IMG_6806 Bethléem web

Il s'agit là d'une stratégie pour isoler Jérusalem, de la Cisjordanie ; ce secteur boucle la ceinture de colonies autour de Jérusalem ; puis, les militaires font obstruer fenêtres et passages proches de cette ceinture, pour provoquer un nouvel exode.

 

    Notre guide donne un exemple significatif du mode de développement de l'habitat familial palestinien :

     -  au départ, le logement familial s'organise avec une cuisine, des sanitaires et une chambre,

     -  lorsque le fils aîné se marie, une chambre supplémentaire est créée, pour le nouveau couple ; idem, au moment du mariage du fils suivant,

     -  lorsque le 3° fils se marie, l'aîné va construire sa propre habitation à proximité.

     NB :comme les possibilités de nouvelles constructions sont bloquées, les habitations se rehaussent, ou se serrent les unes contre les autres, en dépit des lois ; ce mode d'extension, en faisant disparaître les espaces entre les maisons, entraine une perte de contact avec la nature.

 

L'Eglise de la Goutte de Lait. Bâtie au XIX°, par des franciscains. Cela fait référence au passage de la Bible, selon lequel l'Ange prévient Joseph et Marie, du Massacre des Innocents, ce qui entraîne la fuite en Egypte. Selon la légende, une goutte de lait serait tombée du sein de Marie au moment où elle allaitait Jésus. C'est un lieu de demande de fécondité pour les chrétiennes et les musulmanes. Eglise en deux parties: une ancienne et une moderne. Deux tableaux intéressants: une Fuite en Egypte, et, surtout, Marie allaitant Jésus (vêtements riches induisant que Marie aurait été issue d'une famille aisée).

 

Visite d'un artisanat de bois d'olivier et de nacre.

IMG_6813 artisan Bethléem web

Avant de pénétrer dans la boutique, nous traversons les ateliers de fabrication ; conditions de travail sommaires, un peu dangereuse, pas de système d'aspiration des poussières, habilité remarquable des ouvriers.  Achats dans la boutique, qui présente beaucoup d'objets à caractère religieux ; mention particulière pour une crèche dans laquelle les Rois-mages sont séparés de la scène de la Nativité par un morceau du Mur actuel (morceau amovible, l'espoir demeure...).

IMG_6861 atelier céramique Hébron web

Nous découvrons ensuite la Basilique de la Nativité. Elle est en rénovation, ce qui nous laisse quand même l'accès aux fresques de Justinien ; ces fresques sont sur des piliers, agencement unique au monde ; elles datent du V° siècle. On accède à l'édifice, par une porte très basse, incitation à l'humilité, et parade à un précédent fâcheux au cours duquel les ottomans l'ont envahie sans descendre de leurs chevaux.

La construction a été promue par Hélène, mère de l'empereur Constantin vers 323 ; elle a été établie sur le site d'un temple construit par Hadrien, deux siècles plus tôt, temple dédié à Adonis ; l'église a été modifiée ensuite par Justinien, qui la trouvait trop petite (l'église, pas Hélène !). Elle aurait échappée à une destruction par les Perses, ceux-ci ayant vu la représentation des rois-mages sur les piliers du Ve, et en ayant conclu qu'il s'agissait d'un temple de leur propre civilisation.

En dessous, nous visitons la crypte lieu présumé de naissance de Jésus.

L'église relève des rites arméniens, orthodoxes et catholiques. Contigüe, se trouve l'Eglise de Ste Catherine, construite par les franciscains, au XIII°.  En dessous, se trouve une crypte, lieu dans lequel St Jérôme a traduit la Bible de l'hébreu en latin (Vulgate). On trouve, dans cette église, une sculpture en bronze offerte par Benoît XVI, "l'Arbre d'Abraham" qui présente Abraham, 14 générations, David, 14 générations, Jésus.   On trouve également une statue de St Jérôme ; un crâne, sous son pied, symbolise la mise en attente de la mort, pour lui permettre de terminer sa mission. Enfin, on trouve une statue de St Georges, ancien de l'armée romaine qui a rejoint les Palestiniens ; ce saint est très présent dans les maisons de Palestine.

 

Passage au camp de réfugiés de Deheisheh, où nous rencontrons l'Association  LAYLAC, association d'éducation populaire qui intervient dans ce lieu.

Ce camp, dépendant de l'Autorité Palestinienne, abrite environ 15.000 habitants, dont 65% de moins de 25 ans. Il est marqué par un taux de rotation important, les réfugiés qui s'y trouvent s'efforcent d'améliorer leur situation, puis le quittent. Il est souvent harcelé par l'armée israélienne ; c'est un lieu de fortes tensions. Il a été vidé de ses armes, après la mort d'Arafat.  Un Comité Populaire le représente auprès du gouverneur. 

Nous rencontrons 3 coopérants en service volontaire européen, pour un an, et le directeur, Naji Owdah. Un des points forts de cette association est sa mutualisation d'expériences avec d'autres ass. d'éducation populaire, notamment françaises. Elle intervient à partir de supports culturels: activités de peinture, théâtre, musique...  elle utilise des petites vidéos, pour animer des débats avec les jeunes des camps. Chaque activité touche en moyenne 100 bénéficiaires Elle favorise les métissages et les modes d'expression résistante.  Un principe: la Justice condition de la Paix.

L'association se tient à distance du cadre gouvernemental et des enjeux et engagements politiques. L'Autorité Pal. la voit comme des gêneurs ; l'occupant, comme une menace, car elle stimule l'indépendance.  Si les volontaires sont repérés dans une manif., même pacifique, ils sont expulsés. Elle est en partenariat avec la France, l'Allemagne, la Belgique, la Turquie...  Elle édite un journal "Murs Murs".

L'association fonctionne avec 45 bénévoles locaux ; l'un d'eux est mort récemment, tué à Bethléem par une balle "dum dum" (balle à impact expansif créant de gros dégâts – munition interdite).

Le directeur a rencontré l'Assemblée Nationale, pour exposer la situation locale, et demander l'arrêt du soutien aux sionistes. Il avait fait l'objet d'une interdiction de sortie du territoire de 19 ans ; un tel voyage implique 9 à 13 heures de démarches dans chaque aéroport ; avec le risque d'être rallongé de 36 heures,

Nous continuons notre périple.  Nous passons près d'un pont très grand (pont de la honte) pont réservé aux colons, pour leur permettre d'enjamber Bethléem sans la traverser.  Puis, repas en terrasse au restaurant d'un ami de Mustapha, notre guide.

 

 Notre guide nous donne des précisions, à propos d'un petit bonhomme souvent dessiné sur les affiches, caricatures, fresques...  Il est toujours montré de dos, avec quelques cheveux en rayons sur son crâne dégarni, et les  mains croisées dans le dos. Il s'appelle Hanthala (ou Handala, nom d’une plante amère), créé par le caricaturiste palestinien Naji Al-Ali, résistant à l’oppression israélienne, et assassiné en 1987 à Londres d’une balle dans la  tête. Selon son créateur, il ne devait se retourner que lorsque le peuple palestinien aurait retrouvé sa dignité en même temps qu’un Etat.

IMG_7075Handala web

 

photo © Gisèle TUAILLON

IMG_1434 HANDALA 

modelage Gisèle CHAPUIS

 

Nous partons vers  Hébron,  sans savoir si nous "passerons". Nous traversons le rond point estimé comme le plus dangereux de Cisjordanie ; au bord de la route, des colons attendent un véhicule, protégés par de nombreux militaires ou policiers israéliens. Sur cette route, nous croisons de nombreux véhicules de l'armée israélienne.

À Hébron, nous entendons des tirs distants de moins d'1 km.  Dans la rue, nous croisons un groupe de 3 personnes de la TIPH (Présence Internationale Temporaire à Hébron).  Après le massacre de 1994, un accord avec plusieurs pays d'Europe a permis la présence dans Hébron, d'observateurs accompagnés d'agents de protection. Ces observateurs établissent des rapports sur les incidents constatés, rapports transmis au gouvernement israélien, à l'Autorité pal. et aux pays signataires. Ces rapports ne semblent pas suivis d'effets. On peut s'interroger sur l'opportunité de ce dispositif, d'autant que les observateurs seraient payés 10.000 dollars par mois…  (notes postérieures du rédacteur: cette fonction n'est pas sans risque ; en 2007 un observateur a été sérieusement blessé au visage, par des colons qui lui ont jeté une grosse pierre).

Hébron est divisée en deux secteurs, qui ne relèvent pas d'une des zones A  B  ou  C. :

  • H1 soit 80% de la superficie, secteur relevant de l'Autorité pal.  mais incluant des colonies sur ses sommets.
  • H2  soit 20% de la superficie, secteur relevant d'Israël, qui abrite 200 familles de colons (juifs talmudiques violents) protégés par plusieurs milliers de militaires.

Ici les tensions sont fortes ; les colons très agressifs, violents, à l'égard des palestiniens (crachats, injures, coups, jet d'ordures..). En 1994, un juif entre dans la mosquée avec une arme automatique, et tue 29 musulmans en prière. Aucun chrétien ne résiderait dans Hébron.

Auparavant, cette ville, dont le nom signifie "l'ami" dans plusieurs langues, était depuis l'Antiquité un lieu important de commerce. Elle s'est formée, il y a 3.500 ans, par le regroupement de 4 villages. L'économie avait un caractère familial (frères, cousins...), avec beaucoup de coopérations entre entreprises, artisans, commerces... La fabrication de chaussures et  céramiques en est un secteur important.

La terreur imposée par Israël a fait fuir beaucoup de monde et le commerce périclite.

IMG_6842 souk déserté Hébron web

 

Visite de la mosquée Al Ibrahimi et du Tombeau des Patriarches.

IMG_6849 tombeau des patriarches Hébron web

L'accès à la mosquée est sous contrôle israélien (check points, patrouilles, tourniquets, portails électriques, détecteurs de métaux...)

IMG_6844 Check point Hébron web

Israël l'a coupée en deux parties. Le tombeau d'Abraham est coupé, lui aussi, en son milieu, par une cloison qui sépare l'accès des juifs et celui des "autres". Il s'agirait d'un monument symbolique ; pour les musulmans, le vrai tombeau serait 30 ou 40 m. plus bas

Nous découvrons également les tombeaux de Sarah (revêtu d'un tissu bordé d'or, datant d'un siècle), d'Isaac, Rébecca et Jacob.

Nous descendons ensuite sur une place de la vieille ville. Ici, la tension est palpable. Plusieurs patrouilles israéliennes cernent la place. Des enfants de 4/7 ans s'amusent à nous canarder avec des olives. Dans ce lieu, il y a eu 2 morts, la semaine dernière. Les habitants de cette place semblent être des gens qui n'ont plus rien à perdre. La place est entourée de colonies.

 

Découverte d'une entreprise de poteries et d'objets en verre. L'approvisionnement en verre est assuré par des enfants qui en ramassent dans la ville.  Les ateliers d'hommes et de femmes sont séparés par des rideaux. L'atmosphère locale est manifestement conservatrice.

 

Sur la route du retour, nous sommes arrêtés par une patrouille de l'armée israélienne. Trois soldats, dont deux avec le doigt sur la détente de leur fusil automatique. Le soldat qui s'adresse à nous  - en arabe -  demande "sil y a des arabes dans le bus".   Il est cagoulé ; il s'agit d'un soldat non identifiable, formé ("arabisé") pour s'infiltrer dans des groupes palestiniens.

 

Retour au Centre orthodoxe Savior. 

Après un bon repas, Mustapha nous offre des pâtisseries et un récit historique:

La Palestine a été créée par un collecteur d'impôts agissant pour le compte des ottomans. Né en 1700, Omar prend la succession de son père à 16 ans. Très vite, il encourage les paysans à se développer,  sans augmenter leur niveau d'impôts ; devant son succès les communes voisines font appel à lui. Il utilise alors ses gains, pour créer des institutions (écoles, administrations, police, armée...) puis étend son  territoire, en résistant à des attaques, ou par la conquête. Son embryon d'Etat conquiert Nazareth, St-Jean d'Acre... Il crée l'éclairage public, construit des remparts, crée Haïfa, puis descend vers le  Sud.

En 1756, il est à  la tête d'un Etat moderne. Il reste sous domination du pouvoir ottoman, dont il acquittera les impôts jusqu'à sa mort.

En 1780, au moment où ses relations avec son bras droit, Zinki, se sont détériorées, suite à des  incidents amoureux, les Ottomans lui déclarent la guerre. Il finit par être vaincu. Il meurt décapité par Zinki.

Omar est considéré comme un précurseur du panarabisme.

Jean-Marie

 

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