Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PALESTINE-AMITIÉ Besançon
30 novembre 2016

Voyage 2016 - Samedi 5 novembre

 

JÉRUSALEM

Départ à 8h30 en bus pour visiter le Mont des Oliviers. Situé à l'Est de Jérusalem, il est séparé de la ville par la vallée du Cédron (lit d'une petite rivière). Outre le jardin de Getzémanie et différentes églises, on trouve sur ses flancs le plus grand cimetière juif au monde. Il est  dit dans la bible que c'est là que Dieu viendra pour le jugement dernier et la résurrection des morts et qu'il entrera dans Jérusalem par la Golden Gate (murée par Saladin) qui se trouve en face et, pour être les premiers à ressusciter , certains paient hors de prix une place dans ce cimetière.

DSC00014web

Du sommet du mont des Oliviers on a une superbe vue sur la vieille ville et l'esplanade du  temple (Dôme du Rocher et mosquée Al Aqsa) Au pied sud de l'esplanade, hors les Murailles de la Vieille Ville, 88 maisons palestiniennes ont été rasées pour faire un espace vert : le parc de Salomon !

En continuant vers le sud on peut voir la vallée de l'enfer où l'on jetait les corps des crucifiés. En regardant la ville on peut distinguer les différentes architectures des quartiers juifs et palestiniens, ainsi que les immeubles modernes de Jérusalem-ouest, On remarque aussi les monuments religieux comme l'église de la Dormition de Marie ou le bâtiment où aurait eu lieu la Cène (annexé par les juifs et prêté aux chrétiens uniquement au moment de Pâques), ou encore le Dôme gris du Saint Sépulcre, etc...

Derrière nous sur le sommet se trouve l’Hôtel des 7 ARCHES , l'ancien Hôtel Intercontinental qui était le siège de l'OLP et qui appartient maintenant à l'Arabie Saoudite.

 

Pendant que nous marchons et regardons le panorama, une jeune militaire francophone nous interpelle. Après un moment de discussion sympathique nous lui demandons la raison de sa patrouille avec un autre militaire à cet endroit, Elle nous répond sans détour : « Nous surveillons pour qu'ils ne vous fassent pas de mal ! ». Et quand nous lui demandons son opinion sur les colonies elle nous dit sérieusement qu'il n'y a pas de colonies de vacances en Israël !! (réponse toute faite ou incompréhension !?) nous restons sur notre faim...

 

Nous continuons notre route pour nous rendre sur l'autre versant vers Essawiya et passons devant un hôpital financé par des pays arabes, et où les Palestiniens viennent faire soigner leurs blessés lors de confrontations avec les lsraéliens. Ceux ci n'hésitent pas alors à fouiller dans tout l'hôpital pour récupérer les blessés pour des interrogatoires, ou même pour prendre leurs corps s'ils sont décédés pour empêcher leur inhumation (moyen d'intimidation très fort mais lamentable !). Sur l'autre versant, nous nous arrêtons à proximité d'Essawiya, petit village traditionnel dont les terres ont été confisquées par des colons polonais et russes. C'est devenu une petite ville de 30 000 habitants, avec une base militaire. Sur les crêtes environnantes on distingue d'autres colonies qui font que depuis les années 1970 ce sont 85 000 colons installés sur des terres palestiniennes qui sont ainsi rattachés à Jérusalem. De cette façon, les paysans palestiniens sont privés de terres et n'ont d'autres solutions que de devenir de la main d’œuvre bon marché pour Israël. 

De l'endroit où nous stationnons nous pouvons apercevoir le début du désert de Judée (appelé aussi désert de Jérusalem) qui descend en une immense faille tectonique vers le Jourdain et la mer Morte. Il forme une vaste cuve, la plus basse du monde (-430 m à la mer Morte, -220 m à Jéricho), où la température ne descend pas en dessous de 22°C. 

DSC00027web

Nous reprenons la route pour le village de Nabi Samuel, rattaché à Jérusalem depuis 1967. Nabi signifie prophète : le prophète Samuel était le juge qui a désigné Saül et David, les deux premiers rois d'Israël. Le village, situé au sommet d'une colline, offre une position stratégique à qui le possède. On dit que c'est là que se trouve le tombeau du prophète Samuel. Pour ces raisons Israël a annexé ce village, l'a détruit pour en faire partir les habitants et a camouflé la destruction en restaurant les ruines pour faire croire à des fouilles d'un site vieux de plusieurs siècles. Autrefois appelé Mont de la Joie par les Croisés (car il leur a offert leur première vue sur Jérusalem), ce lieu chargé d'histoire et de culture palestinienne a été transformé par Israël en parc national de culture exclusivement juive niant ainsi toute trace palestinienne sur cette terre. 

DSC00035web

DSC00039web

DSC00057web

 

Du sommet de la mosquée qui domine ce village on peut voir la route qui coupe la Cisjordanie en deux et des colonies qui font du vin avec des vignes palestiniennes confisquées. 

Un peu plus bas, le village est reconstruit en tôle par une vingtaine de familles qui résiste. Les femmes se sont organisées en association pour faire revivre le village et y proposer des activités. Nous sommes reçus pour manger par leur présidente qui s'appelle Nawal Barakat qui nous décrit en quelques mots la vie au village. 

Face aux interdictions d'en sortir sans autorisation, ou de posséder certains biens, ou d'acheter certaines denrées, il faut s'organiser :

  • introduire illégalement des moyens de subsistance( par exemple des poules pondeuses pour avoir des œufs, alors que cet élevage leur est interdits par Israël) ;
  • se débrouiller soi-même pour scolariser les très jeunes enfants au village car pas d'école ;
  • envoyer les plus grands dans les écoles des villages voisins difficiles d'accès ; 
  • organiser un peu de vie sociale ( terrains de jeux pour les jeunes ; création de quelques emplois sur place...)
  • faire une route d'accès pour le bus scolaire ; 
  • discuter et prévoir différents projets (ainsi pouvoir faire des enclos protecteurs autour des jardins cultivés pour les protéger des animaux venant de l'extérieur ; envisager un centre d'activités pour les enfants quand ils sont en vacances...). 

 

La France s'était investie par l'intermédiaire du consulat de Jérusalem dans la création d'un lieu de vie où le village pouvait se retrouver, partager sur les différents problèmes et avoir quelques activités tel soutien scolaire ou activités culturelles. C'était un container que les gens du village avaient aménagé et où l'association des femmes avait son siège. C'était un lieu de vie, d'échanges et d'accueil qui, un matin de septembre dernier, a été détruit au bulldozer par les soldats israéliens. Nous allons, silencieux, sur les lieux du saccage...

 

« Palestine Amitié » avait appris cette destruction ainsi que d'autres saccages sur le village. Aussi, notre association avait récolté des fonds (en particulier auprès des participants de précédents voyages qui étaient déjà venus rencontrer ces femmes) et Gisèle a été chargée de remettre ces dons à Nawal pour soutenir et aider cette association de Femmes  dans les  actions qu'elles mènent. La présidente nous en remercie. Elle nous dit qu'il est important de venir les voir, les encourager dans leur résistance à ne pas quitter les lieux comme le voudraient les Israéliens et nous demande d'intervenir auprès de notre gouvernement et de nos représentants  pour qu'un soutien politique plus grand leur soit accordé contre l'occupation et la colonisation qui les ravagent et les empêchent de vivre dignement.

DSC00076web

DSC00078web

DSC00090web

 

 

A 14h nous partons pour Ramallah voir l'association « Stop the Wall ». C'est une association créée en 2002, lancée par des sociologues et des spécialistes de la politique palestinienne qui œuvre sur trois axes :

  • mobilisation populaire ;
  • travail à partir de documents et archives des médias nationales et internationales pour montrer les différentes violations des Droits de l'Homme par Israël ;
  • construction d'une solidarité internationale pour faire tomber le mur.

 

En 2004, après la condamnation d' Israël par le Tribunal de La Haye, ils démarrent un travail avec des partenaires européens (associations, syndicats, plate-formes culturelles, instituts...) et ils s'associent à la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanction).

BDS est une campagne en vue d'exercer des pressions sur l'économie d'Israël et sur ses relations de coopération en générale avec d'autres pays, qu'elles soient artistiques, sportives ou universitaires, en vue de trois objectifs :

  • en finir avec l'occupation des territoires depuis 1967;
  • en finir avec la ségrégation et une situation d'apartheid subies par les Palestiniens qui  n'ont pas de statut réel ;
  • exiger le droit au retour  des réfugiés de 1948 et 1967 (50 % de la population)

 

DSC00099_carte_web

 

DSC00101 web 

Cette campagne qui unifie les Palestiniens sur place ainsi que ceux des camps du Liban, de Jordanie, et de Syrie, a reçu l'aval de la communauté internationale car elle s'appuie sur les résolutions de l'ONU et le droit international. Mais Israël en 2003 a essayé de contrer cette initiative en emprisonnant les principaux organisateurs et coordinateurs de cette campagne. Les documents et archives de l'association ont été confisqués, voire détruits et depuis, les militaires israéliens continuent de passer régulièrement dans les locaux de l'association pour prendre les ordinateurs, pour arrêter et emprisonner les militants afin de les intimider. 

 

Les militants ont fini par se poser des questions sur l'utilité de leur mouvement. Leur réponse est mitigée mais ils pensent avoir réussi à mobiliser pour résister : cela a permis de soutenir des agriculteurs face aux colonies.

Ils ont aussi décidé d'élargir leur champ d'action et de s'associer à d'autres mouvements tels que :

  • proposition d'autres alternatives syndicales se dégageant des partis traditionnels(tels  Hamas, OLP, ou Fatah ;
  • formation de jeunes pour être plus actifs dans la population ;
  • réalisation du forum de la jeunesse palestinienne,
  • mise en place d'un projet qui vise à sauvegarder la vallée du Jourdain. 

 

Pour ce dernier point, nous avons rencontré le coordinateur de ce projet, Abou SAQER  car il était  dans les locaux de l'association, tout juste revenu de Genève où, une énième fois, il était allé dénoncer les ravages et les violence de l'occupation militaire et de la colonisation grandissante.  Celui-ci est un Bédouin harcelé et opprimé par Israël qui veut  faire partir de ses terres de la vallée du Jourdain toute sa communauté. Sept fois son campement a été détruit, sept fois reconstruit. Son cheptel a été empoisonné plusieurs fois par les colons, mais il résiste et reste coûte que coûte sur sa terre. 

Gisèle lui remet un don collecté auprès d'adhérents de Palestine-Amitié et surtout de participants au voyage de 2014 qui l'avaient alors rencontré sur ses terres arides entourées de colonies et qui avaient appris, l'hiver dernier, le nouveau saccage de son camp par l'armée israélienne. 

Il fait des conférences à l'étranger et fait un travail conséquent pour apporter des aides aux agriculteurs de la vallée du Jourdain, comme lui menacés, les fédérer, organiser des replantations d'oliviers et arbres fruitiers afin de se maintenir sur leurs terres. 

Il nous explique qu'en agissant ainsi il est devenu un symbole de la résistance et donc un danger pour Israël. Mais aussi pour l'Autorité palestinienne dont l'oligarchie s'est alliée à Israël pour faire cesser les résistances. La police palestinienne intervient de plus en plus pour réprimer les révoltes et de ce fait, il pense qu'il y a un risque de confrontation directe entre Palestiniens et danger de guerre civile. Il axe donc beaucoup son travail sur la paix sociale. 

Abou SAQER voit les difficultés augmenter. Il nous dit que le peuple palestinien en général en a assez de cette Autorité palestinienne qui ne les représente plus. Il n'y a plus de chef politique charismatique comme ARAFAT et les principaux dirigeants sont corrompus. Il pense que les Palestiniens ne sont plus unis comme ils l'ont été auparavant et qu'Israël n'est que la main armée d'une conspiration arabo-européenne-sionniste. 

Il nous dit vouloir lutter pacifiquement contre Israël car il n'a rien contre les juifs. Mais contre le sionisme qui veut s'accaparer du pays dans son entier. Il désire seulement qu'ils comprennent que le Palestinien et sa terre sont indissociables, comme l'arbre et ses racines. 

 

Suite à ces témoignages forts et émouvants de toute la journée, c'est en se posant pas mal de questions que nous rentrons à l'hôtel Rivoli pour notre dernière nuit à Jérusalem.  

DSC00102web

DSC00106web

                      GABRIEL

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
PALESTINE-AMITIÉ Besançon
  • Blog de l’Association PALESTINE AMITIÉ BESANÇON ayant pour objectif de soutenir le peuple palestinien par l'organisation de conférences débats expositions vente de produits des coopératives, organisation de rencontres et autres opérations d'information.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité