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PALESTINE-AMITIÉ Besançon
5 décembre 2016

Voyage 2016 - vendredi 11 novembre

Tulkarem - Ramallah

 

Route pour Tulkarem, distante de 25 km de la côte méditerranéenne. Visite d’une exploitation agricole biologique au pied du Mur d’annexion et d’une usine chimique, avec Fayez Taneeb. Route pour Ramallah. Découverte du centre animé de Ramallah, centre administratif, politique et culturel.  Visite commémorative au mausolée de Yasser Arafat.

Dîner et nuit au Rocky Hotel, Ramallah

 

1 -Dans le bus qui nous mène à TULKAREM

Notre guide du jour, Sabri,  établit une comparaison entre l’apartheid en Afrique du Sud et en Palestine :

-        L’occupation des territoires : Les Noirs Sud-Africains vivaient sur 13 % des territoires répartis en 14 cantons ; les Palestiniens en occupent aujourd’hui 12 % sur 4 cantons.

-        La circulation des personnes : elle était conditionnée pour Les Noirs Sud-Africains à des autorisations  pour se déplacer ; elle se fait pour les Palestiniens via des check-points (600 postes militaires en Cisjordanie)

-        La révolte : en 1976, soulèvement des Noirs Sud-Africains contre l’apartheid ; en 2004, manifestations des Palestiniens à Gaza suivies de répressions.

En 2003-2004, le mur a été construit le long de la route bordant  la Ligne Verte (ligne de démarcation du Territoire de 1967). En 2004, il a été supprimé et reconstruit à l’intérieur. Pourquoi ce changement d’itinéraire du mur ? Pourquoi les Israéliens ont déplacé le mur  vers l’intérieur ?

Le 9 Juillet 2004, la Cour de Justice de La Haye condamne Israël à démolir le mur. Israël est affaibli par le système judiciaire international. Que font les Israéliens ? Deux jours auparavant, ils démontent une partie du mur pour faire croire qu’ils s’inscrivent dans une démarche de minimisation de l’importance de construction du mur.  Les Israéliens reconstruisent ensuite le mur en intégrant 3 villages de la Cisjordanie. Pourquoi ? A cause de la présence de nappes phréatiques ! 3 puits artésiens sont détruits ainsi que 210 entrepôts et commerces de grossiste en fruits et légumes, l’un des 3 villages, Baker Chakieh, étant la plaque tournante du marché en fruits de légumes pour toute la région. En fait, cette décision de justice de la Cour de La Haye n’aura aucun impact sur  la démolition du mur ni sur l’indemnisation des personnes lésées. Israël passe outre, encore une fois, les décisions internationales.

Gisèle nous précise qu’un grand nombre d’oliviers a été planté dans cette zone (entre Tulkarem et Jénine) dans le cadre de la Campagne de plantation d’oliviers menée par Palestine-Amitié en partenariat avec l’association de Dole « Réseau pour une Paix Juste au Proche Orient » : 5000 la première année, 6000 la seconde et 7000 la troisième. Des subventions ont été octroyées par les Conseils généraux du Doubs et du Jura, et par la Région de Franche Comté.

 

 

2- Accueil par Abou Ahmad et Oum Ahmad dans les champs d’oliviers de leur exploitation

Abou Ahmad est le coordinateur local de la campagne pour la plantation d’oliviers  qui a pour objectif de matérialiser la présence des Palestiniens sur leurs terres et de freiner l’extension des colonies. C’est un symbole fort pour les gens ici. Le projet est de planter encore 2000 arbres. Ici, on ne peut cultiver qu’en cultures sèches, contrairement aux plaines où la terre est plus riche. Les paysans sont obligés de mettre en culture des terrains de garrigue pour occuper le terrain et ne pas laisser en fiches, car les Israéliens pourraient les confisquer. Cela représente un gros investissement pour les paysans. Abou Ahmad nous explique que les Israéliens font des lâchers de sangliers pour saccager les plantations des Palestiniens ! La moitié de ses terres se trouve de l’autre côté du mur, c’est-à-dire que les Israéliens cultivent ses oliviers. Certaines terres sont accessibles par des « portes agricoles ». Par exemple, à Tulkarem, il en existe 14 ; cependant, 6 n’ont jamais été ouvertes. Quant aux 8 autres, certaines ouvrent une fois par semaine, d’autres quelques jours par semaine.

Un autre impact de la présence du mur est l’entrave à la circulation des troupeaux. Le mur a aussi des effets néfastes sur l’environnement.

Par exemple, dans la colonie Chahak, en face de nous, se trouve une entreprise de recyclage de pneus qui rejette ses déchets dans la vallée. Tout est fait pour déplacer le centre économique à l’intérieur des terres « La géographie dessine la guerre », dixit Jean-Pierre.

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Nous remarquons que certains arbres ont une étiquette avec le nom du donateur et le numéro de son département, et d’autres, pas. Cet étiquetage se fait à partir de listes. S’il n’y a pas de listes, les paysans ne peuvent pas inscrire les noms, ce qui explique que certains arbres ne soient pas étiquetés.

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Fayez, Abou Ahmad et Ahmad

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L'olivier, face au mur (en bas le long de la route), symbole de résistance

3 - Retour à Tulkarem pour visiter la ferme de Fayez appelée Hakoritna Farm

Fayez est le coordinateur national de la campagne pour la plantation d’oliviers en Palestine. Sa ferme se trouve proche de la ligne verte. Le mur passe à l’intérieur de l’exploitation et 60 % des terres de Fayez se trouvent de l’autre côté du mur. Sa ferme se trouve coincée entre le mur depuis 12 ans et une usine chimique depuis 25 ans.

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Il nous explique que dès 1984, les Israéliens ont construit des zones industrielles et des usines chimiques. Ainsi, cette usine chimique se trouvait sur la côte. Les Israéliens ont protesté car elle était trop proche de leurs résidences. Le gouvernement a approuvé et a fait fermer l’usine… qui a été installée… en bordure de Tulkarem qui compte 85000 Habitants. Ceux-ci ont utilisé les mêmes moyens que les Israéliens, à savoir protestations, pétitions, manifestations  et les mêmes arguments, notamment la présence de cette usine trop proche des habitations. Ils ont porté l’affaire devant les tribunaux qui se sont déclarés… non compétents car l’usine est en Cisjordanie. Ils ont fait analyser les terres par un laboratoire israélien qui ne leur a pas remis les résultats. Il y a des effets nocifs sur les enfants, la stérilité, la survenue de maladies précoces chez des personnes vivant à côté de cette usine.

Cette contrainte a fait prendre conscience à Fayez de la nécessité de changer ses habitudes de production et de travailler de façon biologique.  Il est proche de José Bové, en lien avec les organisations paysannes et membre des Amis de la Terre, organisation reconnue par les Nations Unies. Il travaille de façon bio même s’il n’y a pas de demande locale.

Un panneau à l’entrée de l’exploitation indique que 3 éléments sont essentiels à la vie : l’eau, les aliments et l’énergie. Enfermée  sur 3 côtés par le mur et par l’usine chimique, il explique que la vie se poursuit par l’innovation. De nombreuses pressions pèsent sur lui et sa famille. Exemples : on lui ferme l’accès à son terrain, on coupe les tuyaux d’eau, on détruit 8 000m² de toiles de serres, on pulvérise ses arbres de produits chimiques, on tire dans l’exploitation….

Fayez nous retrace son parcours. Il a 60 ans aujourd’hui, il est marié avec Mouna. Ils ont 4 garçons et 1 fille.

Militant dès 16, 17 ans.

En 1987, il fait partie du syndicat des employés de la commune.

En 2000, il est coordinateur des comités de paysans.

En 2003, il devient membre du comité populaire contre le mur.

En 2006, membre de la délégation palestinienne au Tribunal de La Haye. Il participe aux Nations Unies à des cycles de réunions contre le mur. Il participe aussi au  tribunal international RUSSEL[i][1], d’où est sortie l’idée du million de plantation d’arbres en Palestine. Cela va être étendu à d’autres pays, notamment l’Afrique.

Fayez nous explique ses choix de production. Tulkarem est la plaque tournante en matière de grossistes en fruits et légumes. Pour compenser la suppression de ses 60 % de son exploitation, il a loué un terrain pour faire des serres (tomates, concombres, radis, persil, etc…).

Il cultive 263 variétés de tomates. Un plant, cultivé entre août et mai, peut atteindre 10 m grâce à une judicieuse façon de l’exploiter et de l’attacher. Le risque étant les insectes, il n’utilise pas de pesticide. Il lâche des abeilles qui vont « polléniser » les plants. Chaque boîte contient 120 abeilles. Tous les trois mois, il change de boîte, qu’il doit acheter aux Israéliens, car les Palestiniens n’ont pas le droit d’exploiter les abeilles !

Le vert à l’intérieur des serres contraste étrangement avec le gris, triste et sale, du mur et de l’usine chimique.

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Ses projets :

-        La production de méthane et d’engrais à partir du fumier. C’est expérimental pour l’instant, son but étant de stocker du méthane pour pouvoir chauffer ses serres en hiver.

-        La transformation des produits pour assurer des ventes tout au long de l’année ; sécher les produits grâce à un panneau solaire qui alimente des ventilateurs récupérés sur un ordinateur

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-        L’utilisation de l’eau en circuit fermé à partir d’un grand réservoir d’eau collectée sur l’exploitation (par ex du toit des serres) où seraient placés 5000 poissons dont les excréments se déposeraient au fond et donneraient une fumure très nourrissante. L’eau servirait à arroser les plants dans les serres. Elle serait récupérée, filtrée et pure, et viendrait réoxygéner l’eau contenue dans le grand réservoir. Fayez nous présente le modèle réduit de ce projet avec arrosage de fraises (qui seront sur le marché en février). Cette installation lui permettrait d’être autonome en ressources énergétiques. Il collecte déjà l’eau des toits de ses serres en hiver. En été, l’eau lui coûte 1400 €.

 

Après la visite de la « Hakoritna Farm », nous sommes accueillis dans la maison de Fayez et de son épouse pour un copieux déjeuner suivi d’un « happy birthsday to you ! » (car Fayez a 60 ans aujourd’hui !) … 

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avec petits gâteaux et café et d’échanges d’objets traduisant l’amitié et la reconnaissance de l’autre dans ce combat pour le droit.

 

4 - Départ pour Ramallah : visite du Musée Yasser Arafat et de son mausolée

Ramallah est aujourd’hui la capitale administrative de l’Autorité Palestinienne. Elle capte l’aide internationale. C’est une ville riche avec de grands immeubles et de nombreux chantiers. Elle est habitée par de nombreux internationaux (ONG, etc...)

Elle abritait La Mouqata’a (en quelque sorte l’Elysée) de Yasser Arafat. Aujourd’hui, un musée dédié à sa mémoire et  son mausolée peuvent être visités.

«  Selon l'architecte palestinien, Jaafar Touqan[2],  la conception de ce complexe est censée symboliser le mode de vie spartiate d'Arafat et son sacrifice personnel pour la cause palestinienne…Sur l'esplanade pavée, le mausolée, entouré d’un bassin sur trois côtés, est un cube dont la forme rappelle symboliquement la Kaaba (à La Mecque) et dont le sommet est parcouru de versets coraniques. Ses dimensions, 11 mètres par 11 mètres, évoquent la date de la mort d'Arafat, le 11 novembre. (Extrait de wikipédia) »

Un olivier de l’Esplanade des mosquées est planté ici.

L’eau dans le bassin indique que rien n’est stable pour toujours… ESPOIR

 

 

 

Le Mausolée

Il est écrit :

«  Au leader historique et martyr, Yasser ARAFAT, né le 4/09/1929 et tombé le 11/11/2004 ».

Yasser voulait être enterré à Jérusalem mais les Israéliens ont refusé.

Qui était Yasser ARAFAT ?

Il était l’un des fondateurs du Fatah en 1965 et en devient rapidement le dirigeant, avec sa branche armée Al Assifa (la tempête en arabe).

La bataille de Karameh, en Jordanie, le 21 mars 1968, marque un tournant dans la résistance armée palestinienne et assoit Yasser ARAFAT dans son rôle de leader Palestinien. L’armée israélienne mène une offensive contre ce village qui est une base de la lutte armée palestinienne. Elle doit fuir, laissant derrière elle, chars et blessés. Pour les Palestiniens, c’est une grande victoire politique, même si les pertes humaines sont lourdes.

Après la défaite arabe de 1967 face à Israël, Karameh symbolise la revanche. Les Palestiniens considèrent alors que seule la lutte armée conduira à la libération de la Palestine.

En 1968, Arafat sort de la clandestinité et se présente, habillé en soldat avec un keffieh sur la tête.

Nasser, en Egypte, reconnaît et  soutient Arafat. En 1969, Arafat prend la tête de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) et y  restera jusqu’à sa mort.

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Le musée Yasser Arafat

Il retrace l’histoire du peuple palestinien et de son leadership.

De grands panneaux explicatifs situés le long des murs d’un long couloir grimpant donnent des informations très intéressantes et factuelles sur l’histoire de la Palestine. A la lecture de ces documents, on s’aperçoit que l’histoire du conflit israélo-palestinien  ne remonte pas à 1948 avec la création de l’état d’Israël, ni en 1917 avec la déclaration Balfour[3], mais qu’il prend racine dans un grand dessein sioniste, avançant masqué et relayé,  qui a été conçu bien auparavant, au minimum dès la fin du 19ème siècle et qu’il perdure jusqu’à aujourd’hui.

La partie la plus émouvante est certainement la visite (au pas de course !) du Q.G. d’ARAFAT. La grande table, notamment, me rappelle des scènes vues en film, lors d’entretiens de Yasser Arafat dans des moments particulièrement difficiles,  notamment lors qu’il était assiégé.

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Texte de CHRISTINE

Photos de CATHERINE

 


[1] Le Tribunal Russell sur la Palestine est un tribunal d'opinion, fondé en mars 2009, pour « mobiliser les opinions publiques pour que les Nations unies et les États membres prennent les mesures indispensables pour mettre fin à l’impunité de l’État d’Israël, et pour aboutir à un règlement juste et durable de ce conflit »

Son site web : http://www.russelltribunalonpalestine.com/en/

[2] Jaafar Touqan est l’architecte qui a conçu et réalisé le complexe

[3] La Déclaration Balfour de 1917 est une lettre ouverte datée du 2 novembre 1917 et signée par Arthur Balfour, le Foreign Secretary britannique. Elle est adressée à Lord Lionel Walter Rothschild (1868-1937), éminence de la communauté juive britannique et financier du mouvement sioniste, aux fins de retransmission.

« Cher Lord Rothschild,

J'ai le plaisir de vous adresser, au nom du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration ci-dessous de sympathie à l'adresse des aspirations juives et sionistes, déclaration soumise au Parlement et approuvée par lui.

Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays.

Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste.

Arthur James Balfour 

Source : wikipedia



 

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