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PALESTINE-AMITIÉ Besançon
28 janvier 2020

Voyage : journée du 15 nov 2019

Bethlehem et la problématique du mur 

Bethlehem est en fait composée de trois villes :

  • Bethlehem, 40000 habitants environ à majorité musulmane ;
  • Beit Jala la ville de notre guide Issa. Environ 17000 habitants à majorité chrétienne ;
  • Beit Sahour, 15000 habitants environ à majorité chrétienne. 

Il existe trois camps de réfugiés palestiniens à proximité de Bethlehem : Ayda Camp (environ 3000 habitants), Al'Azza Camp (population de l'ordre de 2000 personnes) et Ad Duheisha camp (population de l'ordre de 8000 personnes).

Nous commençons la journée par une visite du mur à Beit Jala. Là on peut voir les circonvolutions que fait le mur autour d'une maison palestinienne ou autour du tombeau de Rachel complètement enfermé et interdit aux Palestiniens. Le mur entoure Bethlehem sur trois côtés et le quatrième est sous contrôle israéliens, les Palestiniens sont littéralement enfermés, Bethlehem est une sorte de prison à ciel ouvert.

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Mais le mur, instrument d'enfermement, est aussi un formidable support pour une expression populaire artistique. On peut y voir notamment une peinture originale de Bansky : la petite fille et le soldat. On y voit également une reproduction de la colombe de la paix.

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Le mur et la zone de sécurité qui l'encadre sont dévoreurs des terres palestiniennes mais les infrastructures construites par les Israéliens le sont encore plus : en 70/71, installation de la première colonie ; en 93, deux tunnels ont été ouverts sous les colonies, puis la route 60 a été construite, pour tout cela de nombreuses terres ont été confisquées aux Palestiniens.

En 2003/2004, le mur est continué sous forme de barbelés, d'importantes surfaces cultivables sont devenues inaccessibles.

À cette époque, 4000 habitants ont émigré en raison de la réduction conséquente des terres mais aussi de la fermeture des usines textiles.

En 2015, une plainte a été déposée devant la Cour Suprème israélienne qui dans son jugement du 08 juillet 2018 a décicé que le mur devait être arrêté et les frontières de 48 respectées. Et malgré cette décision, en août de la même année, les Israéliens continuent le mur pour des « questions de sécurité »...Le procès continue pour que le mur ne soit pas fermé autour de la ville. À suivre.

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Nous poursuivons notre périple dans la région de Bethlehem en direction du monastère de Crémisans. Nous roulons dans la vallée de Crémisans de Beit Jala et Al Walaja, de chaque côté une colonie, Gilo, 40 000 habitants et Har Gilo, 1600 habitants domine la vallée. 

 

Nous arrivons au monastère de Crémisans construit en 1891 par Don Bosco de la congrégation des salésiens, devenu un couvent de sœurs dans les années 50,  puis une école de théologie en 1995 jusqu'en 2004.

Dès la construction, du vin de messe est produit au monastère puis, après la fermeture de l'école on passe du vin de messe à 500 000 bouteilles de qualité moyenne en 2007. À partir de 2008, la quantité diminue au profit de la qualité grâce aux conseils techniques d'un Italien (200 000 bouteilles de vin par an), sans oublier les bouteilles de brandy (nous attendons l'avis d'Agnès...).

Le vin est élaboré à partir du raisin produit localement par 15 producteurs.

70% de la production est consommée sur place et le reste est exporté. Mais les Palestiens ont les plus vives inquiétudes quand au devenir des vignes qui risquent de tomber aux mains des Israéliens avec l'avancée du mur (encore et toujours...).

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Nous avons pu déguster et nous pouvons vous le dire, blanc ou rouge, on a aimé. Merci Issa.

 

Après cette pause oenologique, nous continuons notre route en direction du village de Wadi Fukin situé à environ 8km à l'ouest de Bethlehem. Nous avons rendez-vous avec Kaïs, responsable local et membre actif de la coopérative agricole du village. Nous prenons notre repas préparé par l'épouse de notre hôte, qui nous avait confectionné un kedreh, plat traditionnel palestinien à base de riz, pois chiches et amandes, excellent et bien sûr nous écoutons Kaïs nous parler de son village, de leur vie, de leurs inquiétudes, toujours avec calme, ce calme que l'on a constaté partout malgré toutes les raisons quotidiennes d'être en colère.

Wadi Fukin est situé dans une vallée. D'un côté il est dominé par la colonie israélienne de Beitar Illit qui s'étend continuellement. De l'autre côté, il y a la frontière avec Israél. Du côté israélien, se trouve l'agglomération de Tsur Hadassah construit en 1960 sur les terres confisquées aux Palestiniens et qui continue à s'étendre vers le fond de la vallée.

Les habitants ont la sensation d'être pris entre deux machoires qui se ressèrent de plus en plus. Belle image qui décrit de façon réaliste la situation.

C'est le résultat de l'histoire depuis 1948.

De 1949 à 1954, le village a subi plus de 20 attaques des sionistes. Des maisons étaient détruites mais les habitants restaient.

En 1954, tous les villageois ont été chassés. Ils se sont réfugiés dans le camp palestinien de Dheisheh. Ils y sont restés jusqu'en 1972 et venaient tous les jours cultivés leurs terres.

En 1972, à la suite d'un procès, ils ont pu revenir sur leurs terres (seul cas de retour à la terre en Palestine). 400 sont revenus, les autres sont partis majoritairement pour Jérusalem. Aujourd'hui, ils sont environ 1350.

En 1974, une coopérative pour les services est créée, favorisant le travail collectif, notamment pour la reconsruction des maisons, construction d'une école, d'un club sportif.

La surface des terres appartenant au village était à l'origine de 1200ha, dans les années 80, il n'en reste plus que 350 et sur ces 350, 200 sont des terres d'Etat. Au final, il ne reste que 25ha en zone B.

Les sources d'eau sont aujourd'hui pour certaines asséchées pour les autres en forte baisse. Pour faire face à ce problème, les villageois, avec l'aide notamment de plusieurs sections locales d'AFPS du grand Est, ont installé des bassins et des tuyaux goutte à goutte pour irriguer les cultures. Ces installations sont régulièrement polluées par le rejet des eaux usées des colonies, qui utilisent également la vallée comme dépotoir.

Le village qui était relié à 7 autres villages est maintenant isolé.

Et les derniers projets israéliens connus menacent directement la survie du village : projet de relier les deux colonies et de réaliser une zone industrielle à l'entrée du village alors que dans le même temps, les Palestiniens n'ont pas le droit d'utiliser du béton pour leurs maisons...

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Après un tour dans le village, nous reprenons le bus pour Bethlehem et plus précisément pour la basilique de la Nativité où nous attend un guide spécialiste du monument. Grâce à lui nous avons pu faire la visite en un temps record malgré la foule impressionnante (plus de 2 millions de visiteurs par an) qui attendait à l'entrée...d'abord en nous faisant entrer par la sortie et ensuite en utilisant un art de se faufiler entre les groupes bien rôdé...

Il s'agit de la plus ancienne basilique du pays et le deuxième lieu saint des chrétiens après Jérusalem. Elle est construite à l'initiative d'Hélène la mère de Constantin au-dessus de la grotte où Jésus serait né. Ne restent du IVème siècle que la nef et les quatre alignements de colones. 

Après sa destruction par les Samaritains en 529, Justinien entreprend sa reconstruction. Au plan d'origine, il ajoute trois absides et le narthex.

Au 12ème siècle, les croisés la protègent par une muraille, d'où son aspect de forteresse.

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On rentre dans l'église (en principe mais pas nous...) par une porte haute de 1,30m appelée « porte de l'humilité ». À l'origine la porte était beaucoup plus grande puisqu'il était possible aux cavaliers d'y passer à cheval mais les croisés, craignant l'invasion des musulmans, l'ont réduite.

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A l'intérieur, il reste peu des décorations d'origine ou médiévales. On peut encore y voir des fragments de mosaïques byzantines du XIIème sur les murs supérieurs de la nef.

 

Au sol, la mosaïque du VI ème siècle est visible par des trappes en bois dans l'aile centrale de l'église.

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De part et d'autre du choeur, des escaliers conduisent à la grotte de la Nativité mais nous avons reculé devant la foule. Nous n'avons donc pas vu la mangeoire dans laquelle avait été couché l'enfant Jésus.

Depuis la nef de l'église, on peut accédér à l'église Ste Catherine via le cloître de l'époque médiévale où l'on peut voir une statue de Saint Jérome. Celui-ci a, pendant 34 ans, traduit dans une grotte la bible en latin (la vulgate devenue la base de toutes les traductions occidentales de la bible).

La basilique est partagée entre les différentes confessions chrétiennes (catholique, orthodoxe et arménienne)..

 

Lors de la 2ème intifada (2003/2004), Bethlehem a été la première ville envahie par Israél. Un groupe de Palestiniens ont résisté en s'enfermant dans la basilique. Ils y sont restés 40 jours sans pouvoir être approvisionnés. Affamés, les résistants ont accepté un accord : un groupe a été emprisonné, 40 sont partis pour Gaza et 50 sont partis dans différents endroits du monde.

 

Nous terminons notre visite de la ville par une balade dans la vieille ville avec ses rues étroites et son marché que nous avons pu découvrir le lendemain de bonne heure.

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Michèle et Bernard

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