Voyage mardi 3 novembre 2015

Mardi 3 novembre,

Nous faisons la connaissance de Mustafa, Docteur en urbanisme et aménagement (études à Paris IV), il habite un village de l’agglomération de Jérusalem

Lui aussi  nous accompagnera une grande partie de notre séjour et nous apportera une multitude d’informations, nous fera beaucoup rire et parfois pleurer. 

Avec lui nous apprenons que Jérusalem compte 400 000 Palestiniens (musulmans et chrétiens : frères de sang et de terre) qui possèdent une carte de résident renouvelable tous les 10 ans mais sans cesse menacée d’être retirée !

Nous entrons dans la vieille ville par une des 8 portes : la porte d’Hérode ou porte florale, faisant face à notre hôtel.

Jérusalem est une ville de 3800 ans d’histoire, détruite et reconstruite 17 fois et qui a connu de nombreuses périodes marquant son histoire tant au niveau  architectural, social, religieux, politique…

On relève surtout les périodes suivantes : cananéenne, de Juda, babylonienne, perse, hellénistique, romaine, byzantine, arabe et les croisades, ottomane,  puis sous mandat britannique et  enfin celle d’après la création de l’état d’Israël en 1948.

Nous parcourons des ruelles de la partie nommée « vieille ville », entourée des remparts datant de Soliman le Magnifique (XVIe) et s’étendant sur 1km2 ;  elle est constituée de deux quartiers arabes, dits quartier chrétien et quartier musulman (50 et 25 %), ainsi que d’un quartier arménien (10 %) et d’un quartier juif (15 %)

Y cohabitent 35000 musulmans, 1300 chrétiens, 800 arméniens et 3500 juifs (prenant de plus en plus possession des quartiers arabes).

L’esplanade des mosquées à elle seule occupe 1/6^ème de la vieille ville.

Nous visitons l’église bénédictine Ste Anne dédiée à la mère de Marie, lieu même où vécurent Anne et son époux Joachim, les parents de Marie.

Dans les nombreux vestiges antiques de cet endroit, a été identifiée la fameuse piscine de Bethesda, où Jésus a guéri un paralysé.

Prise par les Ottomans cette église fut  transformée en Madrasa islamique dès le XIIe s. puis fut donnée à la France en 1856 suite aux interventions de cette dernière lors de la guerre de Crimée. C’est ainsi que, dans ce petit territoire français au cœur de Jérusalem, l’hymne national retentit dans l’enceinte de la basilique à chaque 14 juillet !

Nous passons la porte des Lions pour accéder au cimetière musulman. (À cet endroit 2 jeunes Palestiniens ont été abattus par les soldats israéliens 2 semaines avant notre visite)

Le cimetière est face au Mont des oliviers  En bas du cimetière musulman se trouve le cimetière chrétien et en face sur les flancs du mont, le cimetière juif séparé des deux autres par la vallée du Cédron. Mustafa nous conte l’Histoire du lieu et les rites funéraires qui s’y rattachent.

Dans le cimetière musulman, la porte dorée est murée depuis l’an 1500 environ et est l’objet de toute sorte de récits fantaisistes concernant la venue du Messie. Nous prenons  de plus en plus conscience que le fait religieux vient ici justifier le politique…

Nous empruntons une partie de la Via Dolorosa avec ses nombreuses églises ou chapelles marquant « les stations » du chemin de croix de Jésus.

 Nous visitons un lieu d’habitation traditionnelle des Palestiniens.

Les maisons sont regroupées autour de cours intérieures appelées « hosh » ; ainsi les habitations sont souvent constituées de pièces attenantes sur plusieurs niveaux. A cause de la surpopulation de la vieille ville, ces « hosh » abritent beaucoup de monde dans un espace réduit.

 Toujours dans le quartier arabe, nous accédons à une vue panoramique depuis les toits et nous rendons compte que fleurissent des drapeaux israéliens sur les maisons, signe que l’occupation israélienne se poursuit inéluctablement dans ce quartier.

 Nous nous arrêtons dans le souk des cotonniers pour déguster des quiches palestiniennes et  du jus de grenade (hum !)

Ce lieu fut autrefois très animé car le coton était un produit phare (du 13^ème  au 20^ème s).

Le coton était tissé et cousu dans le souk (d’où les nombreuses échoppes) parfois vendu mais souvent échangé contre des armes pour faire fuir les ottomans.

Le souk fut fermé il y a 30 ans mais ensuite ré-ouvert par les Palestiniens contre la volonté d’Israël. Malheureusement, suite aux événements des dernières semaines et l’omniprésence  des militaires,  les visiteurs et les pèlerins ont déserté les lieux (mais pas nous !)

 Après un passage de check-point, nous nous rendons devant le Mur des Lamentations, hommes et femmes sont  séparés par une barrière (les murs et barrières semblent être, ici, une obsession !)

Ce mur serait le 3^e rempart  du palais d’Hérode-Agrippa (ou du temple qu’il aurait fait édifier vers les années 20 avt JC ; il mesure 44 m de long.

Nous nous rendons ensuite dans le quartier juif au pied d’une synagogue construite fin 18^ème siècle, détruite en 1967 et reconstruite en 2010 par B. Netanyahou

Nous empruntons le « Cardo Maximus », rue principale à l’époque d’Hadrien (aujourd’hui galerie commerciale de luxe dans ce quartier juif entièrement construit de neuf après 1967 sur le lieu du quartier des Maghrébins dont les habitants furent expulsés et leurs maisons entièrement rasées par l’armée israélienne.)

 Nous arrivons enfin au Saint Sépulcre,  édifice bâti  et rebâti au cours des siècles sur les fondements de la basilique édifiée  au IVe s par l’empereur Constantin et sa mère Hélène sur le lieu de la mort et de la résurrection de Jésus.

L’église accueille les cultes de six églises chrétiennes qui, depuis des siècles se disputent les Lieux Saints. Afin d’éviter des conflits en permanence, un statu quo a été fixé en 1852 par le sultan ottoman Ayoub pour un partage des lieux. De plus,  deux familles palestiniennes musulmanes détiennent les clés de l’édifice  et viennent chaque jour l’ouvrir et le fermer.

 La nuit est tombée. Nous sommes face à l’esplanade des mosquées où brille dans la nuit le dôme du rocher.

Lieu revendiqué par les juifs (parce qu’Abraham voulait y sacrifier Isaac son fils et également par l’ancienne présence éventuelle du temple de Salomon… dont nulle trace archéologique n’atteste l’existence…)

Lieu revendiqué par les musulmans (escale et ascension de Mahomet)

Nous y reviendrons demain… si l’accès est possible, car –nous l’avons compris- ici tout peut évoluer de façon tout à fait inattendue, du jour au lendemain…

De retour à notre hôtel, nous croisons des colons juifs armés. Le gouvernement israélien leur recommande de se munir d’armes pour faire feu sur les  « terroristes palestiniens » qui pourraient présenter un danger…même si ces derniers sont des gamins inoffensifs…

 Le fait est qu’une ceinture de colonies entoure Jérusalem Est, d’autres nombreuses colonies cernent la vieille ville.

Les colons sont extrêmement protégés par la présence de policiers ou militaires israéliens. Nous le découvrons au fil de nos pas durant cette deuxième journée.

Il y a environ 500 check-points fixes ou volants en Cisjordanie. Nous les éprouverons peu à peu au cours de notre voyage qui ne fait que commencer.

 Nous avons découvert la « vieille » Jérusalem, son patrimoine, son souk mais si peu de monde dans les ruelles…L’atmosphère est tendue… les mines graves…et pourtant des rires et des sourires de « bienvenue » nous sont destinés.

 Nous finirons notre première soirée dans un restaurant très sympa où nous commençons à échanger nos impressions et la découverte des réalités vécues par le peuple palestinien et tues en occident

 Je sens déjà que ce séjour va être riche, riche de découvertes, riches de rencontres et riche de nombreuses émotions…