Voyage jeudi 12/11/15

RAMALLAH-BANI ZAÏD-  BEIT IKSA

Départ avec un beau soleil pour ce dernier jour.

Issa, Directeur de Programmes  et ami de Palestine Amitié, nous fait découvrir l’ACAD, (Arab Center for Agricultural Development). A sa  création (1988 et enregistré en 1993), l’ACAD offrait aux agriculteurs des micro financements, de préférence en nature sous forme par exemple de semences ou de matériel, en prêtant à l’achat et en récupérant à la vente. A cela se sont ajoutées des formations agricoles, techniques, de gestion de ferme, artisanat, et autres afin d’améliorer les conditions de vie des villageois. Les femmes n’ont pas été oubliées car un secteur leur a été ouvert comme la couture ou la cuisine, le service, la réception. L’activité principale de l’ACAD, 60 à 70%, est destinée à l’agriculture.

En 2014, ACAD Finance a été créé en plus d’ACAD Développement. Le Crédit Agricole et Gramin, European Investment Bank, SIDI, Triple Jump, et Solidarité Internationale pour le Développement ont apporté leur contribution pour compléter le capital. Des prêts sont octroyés aux agriculteurs, aux étudiants après une étude de leur dossier. Un suivi et une formation leur sont accordés  pour ainsi réduire les risques.

On compte 9 bureaux internes à la Palestine dont un à Gaza, employant 27 personnes salariées à ACAD Development et 56 à ACAD Finance. Les services sont offerts à 39 coopératives, à des agriculteurs, des femmes, des jeunes terminant leurs études, des handicapés…

Issa nous rappelle que le taux élevé du chômage des jeunes (60% et encore plus à Gaza), l’absence d’avenir, les poussent à la révolte. Des actions en faveur des jeunes sont donc indispensables.

Nous nous rendons ensuite vers le village de Bani ZaïD à une vingtaine de kilomètres au nord de Ramallah ; sur la route,  nous pouvons admirer de beaux oliviers parfois pluri centenaires qui font vivre 70% des familles.

Dans le bus, nous écoutons le disque des élèves de 6° du Collège de Morez, réalisé avec Palestine-Amitié dans le cadre des Tandems Solidaires et une grande émotion nous étreint tous…

Dans la maison municipale des Citoyens, Gisèle annonce la bonne nouvelle au conseil municipal réuni (11hommes et 2 femmes) à propos du projet Eau 2015 soutenu par Palestine-Amitié: les subventions demandées ont été accordées par l’Agence de l’eau, le Conseil régional de Franche-Comté et la Ville de Besançon pour permettre de connecter 77 familles  au  réseau municipal de Bani Zaïd et creuser 10 citernes pour des familles isolées. Les travaux devraient commencer au début de l’année 2016.

 Palestine Amitié est chaudement remerciée pour le travail effectué aboutissant, grâce aux financements obtenus, à permettre  la réalisation de ce nouveau projet. Il est mentionné qu’auparavant, la source réhabilitée en 2014-2015 servait 28 familles avec des manques sérieux l’été, pendant parfois 4 mois, et que de l’eau était acheminée par camion à de grandes distances.

Un déficit important en eau est, en effet,  à déplorer pour les Palestiniens, à cause des colons israéliens forant directement dans l’aquifère et pillant ainsi l’eau. Un colon israélien consomme 280l d’eau par jour alors qu’un Palestinien en consomme 70.

Après les travaux de réhabilitation de la source d’Arura ce sont désormais 60 familles qui sont connectées à la source ainsi que 3 écoles et un dispensaire. Pour ces 4 collectivités l’eau est gratuite. De plus, c’est 50% d’achat d’eau à Israël et de transport qui ont été économisés par la Municipalité (l’eau devant être achetée à Salfit, à 1h1/2 de trajet). Et cet été, grâce à la source, il n’y a pas eu de coupure de d’eau au village.

Nous nous rendons sur les lieux du réservoir alimenté par la source historique d’Arura ayant fait l’objet des travaux réalisés dans le cadre du projet 2014 et maintenant protégés par un grillage. Des compteurs seront installés dans un coffre, chaque famille pourra actionner sa propre pompe qui remplira le réservoir sur le toit de sa maison. Les familles ont tout d’abord refusé l’idée de payer une eau qui leur était offerte gratuitement mais après explications, elles ont compris que l’eau avait un coût (2shekels au lieu de 5 sh/ m3 payés habituellement par la municipalité pour l’achat et le transport de l’eau) et que d’autres familles pouvaient désormais en bénéficier.

Avec les nouveaux travaux qui devraient démarrer en janvier/février, la priorité est donnée à la connexion au réseau. Ultérieurement, une recherche sera faite pour récupérer les eaux usées pour l’irrigation.

Le tout nouveau moulin à huile de la coopérative de BANi ZAïD est notre étape suivante.

L’huile bio vendue à Besançon et commercialisée par Andines peut provenir de cet endroit. Ici sont pressées 380 tonnes d’olives pour l’obtention de 100 tonnes d’huile stockées dans de belles grandes cuves en inox toutes neuves. L’étage du bâtiment en cours d’aménagement servira aux femmes pour la confection de savons, de tapenade… et un étage sera aussi prévu pour l’accueil d’hôtes de passage.

Le déjeuner nous est servi sur la terrasse avec vue sur ces beaux champs d’oliviers. Nous déplorons l’absence des femmes qui sont à la cueillette des olives, nous dit-on, mais qui nous ont si gentiment préparé ce repas.

En traversant Ramallah, Issa nous explique le système coopératif de logement permettant à une famille ou à un groupe d’amis de construire un immeuble. Et à notre demande, il nous fait un petit point sur les partis politiques en Palestine.

13 partis: dont 11 adhérant à l’OLP, le Hamas et un autre

1)    FATAH, créé en 1968, 40 à 50% des Palestiniens

2)    HAMAS, créé en 1990, 30 à 35% des Palestiniens

3)    FPLP, créé en 1949, 7% des Palestiniens

4)    Parti du Peuple Palestinien, 4 à 5% des Palestiniens

5)    Jihad Islamique 3 à 4% des Palestiniens

6)    FDLP 2 à 3% des Palestiniens

7)    Parti BASS surtout pour les Palestiniens de Jordanie

Et beaucoup de Palestiniens sont indépendants.

Nous nous rendons à Beit Iksa, dans le Nord-Ouest de Jérusalem, dans une zone frontière à côté de la ligne verte, souhaitant voir des champs d’oliviers replantés ces dernières années.

Cette année, ce sont 12 500€ qui vont arriver en décembre de la part de Palestine Amitié pour permettre la plantation de nouveaux oliviers. Gisèle précise que le projet « un millier d’oliviers pour la paix » s’est  transformé en « un million d’oliviers pour la paix » ;  cette action se faisant en partenariat avec le Réseau pour une Paix Juste de Dole et avec le soutien du Conseil Régional de Franche-Comté et  des Conseils généraux du Doubs et du Jura.

L’achat des arbres se fait par appel d’offres et les pépinières sont palestiniennes.

Nous arrivons à un check point où 3 jeunes soldats israéliens peuvent montrer leur excès de zèle et leur arrogance. Après avoir traité notre gentil chauffeur « d’âne à tête de Mongol », nous avoir tous fait descendre du bus,  ils vérifient nos passeports et nous refusent le droit de passer. Aucun de nous ne pourra oublier le regard méchant d’un des 3 jeunes. Nous faisons demi-tour. Nous mesurons la difficulté éprouvée par chacun  pour travailler, et toutes  les vexations ressenties au quotidien. Nous nous arrêtons à proximité, une voiture de police se rapproche, nous filons…

Enfin nous nous rendons vers d’autres champs dont les oliviers ont été  replantés plus ou moins récemment. Une citerne d’eau de pluie permet l’irrigation. Pour rentabiliser au maximum l’espace et l’eau, des amandiers et des cultures maraîchères alternent avec les jeunes plants d’olivier qui ne prendront toute leur ampleur qu’à l’âge de 15 ans.  Mais ici encore, nous constatons que les meilleures terres ont été récupérées par les colons et cet affreux mur déchirant le paysage est toujours là pour rappeler au peuple palestinien sa condition.

Puis nous sommes accueillis dans la localité de BiDDU (Nord Ouest Jérusalem) dans les locaux du PARC (Palestinian Agricultural Relief Committee), association qui aide à aménager, cultiver et commercialiser les produits agricoles. Les membres, tous bénévoles, évoquent les difficultés liées à l’occupation autour de Jérusalem, zone très surveillée car proche de la ligne verte et de la ville convoitée par tous.

La  première colonie date ici de 1970. Les terres sont confisquées pour les routes des colons, les Palestiniens passant en bas,  par des tunnels (que nous avons pratiqués) parfois inondés ou fermés, et les Israéliens empruntent de belles voies en haut.

Maintenant toute la zone est entourée par les colonies, fermée par des check points, et les agriculteurs  n’ont pu se rendre dans leurs champs que 60 jours en 2014 et 40 jusqu’à présent en 2015. De plus, Israël invoque une loi ottomane stipulant qu’une terre non cultivée pendant 3 ans doit revenir à l’état d’Israël, et cela en territoire palestinien ! 

Israël joue sur l’économie pour casser l’éducation, l’université n’étant pas publique. Ici comme partout dans le monde, les parents souhaitent que leurs enfants fassent des études. Heureusement nous apprenons qu’une caisse de solidarité a été créée pour financer les études des plus pauvres, alimentée par les plus aisés.

De jeunes étudiants présents nous réchauffent le cœur par leur enthousiasme et leurs beaux sourires. « Je suis Palestinienne », c’est écrit sur le tee shirt de l’une de ces étudiantes qui nous le montre fièrement, comme elle le montre aux soldats, nous dit-elle avec un grand sourire,  quand ils l’arrêtent pour des contrôles incessants !

Martine

Résistance non violente avec cette jeune étudiante de Biddu affichant son identité sur son tee shirt