Voyage dimanche 8/11/15 Naplouse

29 novembre 2015

Naplouse

Sur les versants d’une vallée luxuriante, Naplouse (appelée Sichem en hébreu) a longtemps exporté de l’huile d’olive, du coton, du savon et de la caroube. Elle n’est aujourd’hui réputée que pour ses savons à base d’huile d’olives, ses sculptures en bois d’olivier et son kunafeh (pâtisserie chaude au fromage blanc nappée de sirop). Nous y avons délicieusement goûté !

Un peu d’histoire :

Après la dispersion des 12 tribus d’Israël au X^ème siècle av. J.C. l’antique Sichem fut proclamée capitale du Royaume d’Israël.
En 70 les romains rasèrent Sichem et fondèrent Flavia Népolis (nouvelle ville). Titus voulant se débarrasser des Samaritains, c’est à dire des chrétiens, détruisit les églises. Des lieux de culte gréco-romains se développèrent puis furent anéantis lors de la conquête de la ville par les arabes en 636. Ils lui donnèrent le nom de Nablus (Naplouse). Les sanctuaires chrétiens furent alors transformés en mosquées musulmanes, marquant Naplouse de l’empreinte qu’elle conserve aujourd’hui.
La vieille ville date de l’époque ottomane. Des vestiges remontant à l’époque romaine subsistent toutefois. Nous découvrons les restes d’une église byzantine du V^ème siècle.
Naplouse a encore subi le passage de Napoléon (incendie).

Son engagement dans la lutte contre le colonialisme et l’occupation a fait de Naplouse une ville particulièrement résistante, donc particulièrement surveillée et « réprimée » :

1929, création du 1^er comité de résistance contre l’occupation anglaise
En 1963, est proclamée à Naplouse « la République de Palestine ». Répression et surveillance accrue suivront.
En 2002 , durant la seconde Intifada, l’armée israélienne est repoussée de Naplouse par les jeunes armés. 16 soldats sont tués. Israël décide alors de bombarder la vieille ville. Un véritable désastre !
En 2012, l’Unesco et l’Italie entament un programme de rénovation avec beaucoup de matériel fabriqué en Palestine. Mais tout est arrêté aujourd’hui par manque de financement et les difficultés d’approvisionnements en matériel : la ville étant entourée de colonies israéliennes, les restrictions d’accès et les contrôles l’étranglent absolument.

Naplouse est aujourd’hui une ville étalée (1km de largeur sur 2 km de long) qui compte, avec ses 120 000 habitants (dont 500 000 aux alentours), environ 30% de chrétiens. Entourée de colonies juives parmi les plus dures de Cisjordanie, la ville est quelque peu étranglée. En effet, perchées sur les hauteurs environnantes, Bracha, Itamar, Yitzhar, et Elon Moreh sont des colonies qui font souvent parler d’elles dans les médias à cause des heurts opposant leurs habitants à ceux de Naplouse et les affrontements fréquents avec l’armée israéliennes .

On distingue 3 sortes de colonies : Colonies économiques (60%), colonies dortoirs et colonies idéologiques (comme à Hébron). Ce sont les pires !

Naplouse se situe entre 2 montagnes : le Mont de la Bénédiction (21 sources d’eau) et en face le Mont de la Malédiction (0 source d’eau).

Parmi les communautés qui cohabitent, l’une est composée d’environ 600 Samaritains qui représentent l’une des plus anciennes communautés du monde, mais aussi l’une des plus petites et des plus fermées. Jusqu’à présent les mariages hors communauté étaient interdits mais actuellement ils peuvent se faire selon des règles strictes !

Découverte de la vieille ville

Al Qasaba : vieille ville ottomane avec 4 souks qui offrent (pour notre plus grand plaisir !) un dédale de boutiques, d’échoppes, de pâtisseries et d’étals où s’entassent montagne de légumes et sacs d’épices, tabac de Jenin. Au milieu de tout cela des dizaines de mosquée invitent à la contemplation.
Nous découvrons une fontaine de 1311, l’église épiscopale St Philippe d’Arabie,

des horloges (8 en tout) installées pour signifier l’heure. Car l’heure, c’est de l’argent ! D’où l’importance de la respecter !

Nous découvrons, dans le souk même, la mosquée El Kébir ou Grande mosquée. Son histoire est multiple : basilique romaine (IIIeS) puis byzantine, devient église Croisée au XIIe s. et enfin mosquée sous Saladin. De ses différentes périodes la Grande mosquée a gardé toute une partie de facture chrétienne (ce qui n’est pas courant !).

Nous rentrons à l’intérieur, après nous être déchaussés et avoir, pour les femmes, revêtu les capes de circonstance ! Mustafa nous fait partager une fois de plus son savoir !:

L’imam est choisi par les fidèles. Il n’est pas fonctionnaire, il n’est pas payé et il ne doit pas parler de politique. Il connait par cœur le Coran et il n’a aucune autre fonction que celle de conduire la prière, d’écouter et de faire passer un message.

Le Muezzin (personnage bien connu de nos nuits d’insomnie !) est choisi en fonction de sa voix. Il est chargé d’appeler du minaret les musulmans à la prière à certaines heures de la journée (en lien avec le soleil)

La mosquée est un lieu de convivialité. Les hommes prient et se reposent. Les enfants jouent. Les femmes y ont accès dans une autre partie.

Après la mosquée, nous allons au hammam pour une simple visite, quelques explications et une tasse de thé ou de café. La tradition des bains est ici très ancienne et remonte aux origines romaines de la ville qui, jusqu’au début du XXe s, en comptait plusieurs, jouant un rôle social considérable. En effet, c’est un espace public où se mélangent jeunes et personnes âgées, ouvriers et patrons,….c’est un lieu de rencontre.

Fonctionnement du hammam ?

On reçoit en entrant un drap de bain qu’on met autour de soi, une serviette, un savon. Successivement et par étapes, on y respire des vapeurs chaudes, on y reçoit des soins, on peut se faire masser, se faire frictionner avec des huiles essentielles, avoir les conseils d’un médecin….on peut même se faire coiffer.

Visite d’une savonnerie

Dès le VIII^ème siècle, les habitants de la ville unissent leurs forces pour développer des produits à base d’huile d’olive: les savons surtout ( jusqu’au XXeS, il y avait à Naplouse plusieurs dizaines de savonneries) et les pâtisseries.

Depuis l’époque ottomane présence d’un caravansérail, une halte sur la route de Damas : les marchands apportent aux habitants de Naplouse des produits de base et repartent avec des savons. Cela a bien fonctionné jusqu’à la moitié du XX^ème siècle.
1948 c’est la grande catastrophe économique, suite aux bombardements des Israëliens.
1967 les gens de Naplouse ne peuvent plus exporter. 90% des savonneries disparaissent.

Aujourd’hui, il ne subsiste que 2 savonneries : nous visiterons l’une d’elles.

Fabrication du savon :

Huile d’olive + soude + eau : l’ensemble est mélangé puis cuit (1 cuisson par semaine et chaque cuisson produit 30 milles pièces.).